Les joies de la Saint-Valentin

Cette journée était une galère sans fin. Je suis sortie tard de l'agence, puis je suis passée voir ma mère pour qu'elle me prête un livre de cuisine spécial chocolat, m'assurant que les recettes étaient simples et faciles à présenter, le genre de trucs que même moi je peux faire quoi. Elle m'a aussi offert une bouteille de vin pour la soirée. Mais dès que j'avais lu qu'il fallait "blanchir des jaunes d’œufs" en me demandant si c'était un livre de magie, je savais que j'allais pas apprécier les heures à venir. Outre le fait que je connaissais pas la moitié des mots/ustensiles/matières cités, je devais cuisiner en fonction de ce qu'il restait dans le frigo, n'ayant pas trouvé le temps d'aller aux courses.

Ouai, choisir la Saint valentin pour faire mes expérience était une idée brillante. Je suis vraiment pas douée, c'est limite si on entend pas le générique d'un film d'horreur résonner dans l'appart quand je m'approche d'un fourneau. Mais je voulais faire un effort, si Nam Sun n'aime pas les cartes, ni les textes niais, il est inconcevable qu'on se passe du chocolat.

Conclusion de tout ça : il est minuit trente, la lumière est éteinte, je suis allongée sur le canapé devant un film lambda pour ménagère - bien sûr qu'il y a que ça à la télé, ce soir. Et je regarde d'un oeil non satisfait ce qui est censé être des truffes au chocolat et à la vanille, quel piètre résultat... la bouteille de vin est déjà à moitié vide, c'est dire que ma pression artérielle est grimpée au rideau pendant que je cuisinais. Étrangement, l'alcool a eu pour effet de me calmer. Ça explique pourquoi j'ai pas harcelé Nam Sun d'appels alors qu'il est en retard, d'ailleurs. Je me suis contentée de lui envoyer un SMS disant que je l'attendais, loin d'être agacée par le fait qu'il passe la journée de la Saint Valentin avec quelqu'un d'autre et ailleurs. Ma mère a dit qu'il fallait que je lui laisse une certaine liberté et que j'apprenne (vraiment) à gérer mes émotions, c'est exactement ce que j'essaie de faire.

Quand enfin on introduit une clé dans la serrure, je me lève du canapé et accueille Nam Sun avec un sourire. J'allume la lumière, dépose un doux baisou sur sa joue puis me mets derrière lui pour lui retirer son manteau. « Dure journée ? » Sous-entendu : t'es passé où ? Ma main se pose sur son dos, histoire de le pousser doucement vers le canapé, espérant qu'il remarque la présence des truffes au chocolat. Je m'attends à un commentaire négatif, décourageant et honnête, mais j'allais pas me vexer. Il est du genre à apprécier l'effort, c'est le principal. Je croise les bras en souriant : « T'es en retard et donc obligé de regarder ce film romantique avec moi, si tu veux te faire pardonner. »

Je n'avais pas espéré qu'il foute des roses partout, ou qu'il m'offre une peluche géante, mais il s'est même pas donné la peine d'écrire deux petits mots sur un papier mouchoir quoi. Je fais la moue en accrochant son manteau et dis dans un soupir, sans cacher ma déception : « Bonne Saint Valentin, Nam Sun. » Je sursaute légèrement quand il m'appelle "mon coeur", lui demandant du regard si ce mot ne lui a pas écorché la gorge. Le grand sourire débordant d'amour ne lui va pas non plus, ça provoque mon hilarité. « Je te rappelle que c'est toi qui aimes pas les petits noms à la con, hein mon canard sucré au chocolat fondu ? »

Si je me pose pas de questions en supposant qu'il fait ça dans le but de se faire pardonner, je reste perplexe devant son regard absent. La perspective de regarder un film à l'eau de rose ne peut pas l'horripiler à ce point, si ? «  He-hein? » J'hausse les sourcils et l'observe mais souris quand j'obtiens son accord. «  Oh. Qu'est-ce qu-que c'est ? Tu as cuisiné, on dirait... C'est ça ? » Je précise : « Pour toi. » C'est si surprenant ? Je prends la boite dans mes mains et lui propose de goûter au chocolat, attendant anxieusement son avis, même si je sais à quoi m'attendre. En ce qui concerne la cuisine, je suis incapable de faire autre chose que mettre un four en position "chauffage tournant" pour décongeler un plat, ouvrir une boite de conserve, et mémoriser le numéro du resto du coin pour survivre. Je l'entends déjà dire que je devrais m'en tenir à ça.

Je reprends place sur le canapé et tapote la place à mes côtés, l'invitant à s'asseoir. J'augmente le volume de la télé, puis m'apprête à lui décrire la scène qu'il a ratée, mais en le regardant je suis toujours un peu perplexe. « Tu veux que je te fasse un petit massage ? T'as l'air tendu. » je dis en désignant ses épaules du menton. C'est pas comme si ça faisait partie de mes dons cachés, mais à moi, ça m'aurait fait du bien après une longue journée.

«  Bonne Saint Valentin, Eun Hee....  » Ça se confirme, il a oublié. Je soupire en me disant que c'est pas grave, l'essentiel c'est qu'on est victimes de la flèche de Cupidon et qu'on pourra malgré tout passer un moment sympa devant la télé. «  Tu ne peux pas juste essayer d'en... profiter ?  » Je décide ne pas en rajouter, surprise. D'un oeil inquiet, je le regarde s'étouffer mais au moment où j'allais lui chercher de l'eau, l'air retrouve le chemin de ses poumons. Je lui tapote le dos d'un air désolé, prête à accepter toutes sortes de critiques sur ce qu'il pourrait appeler une tentative de meurtre. Mais son commentaire me laisse sur le cul. «  Trois en même temps, c'était peut-être exagéré... Merci d'avoir fait ça pour moi. Je suis touché.  » Vient-il de contourner la vérité ? Je sais pertinemment que ça n'a rien à voir avec la quantité du chocolat qu'il s'est mis dans la bouche.


Je lui donne un léger coup de poing en m'efforçant de sourire, inquiète pour lui. « Hé, arrête de blaguer. On appelle le centre anti-poison maintenant ou plus tard ? » Petit message indirect sous couverture d'une plaisanterie. D'habitude, il se serait pas gêné pour me dire ce qu'il en pensait. «  Non, je préfère encore manger un chocolat.  » Ou peut-être qu'il se dit qu'en se torturant avec du chocolat, le film passera plus vite... ? J'observe les traits de son visage, son esprit est vraiment ailleurs ce soir. Avant que ma voix se fasse entendre, il a même pas remarqué que je m'étais déplacée. «  Chez' quoi ton film alors ? Chest intérech'ant ?  » Je souris, quand on regarde ce genre de film il faut plutôt demander combien de temps le mec mettra avant d'avouer ses sentiments à la fille, et si les protagonistes finissent ensemble.

Lorsqu'il avale le morceau de chocolat, je m'empare de la boite pour lui en proposer un autre, puisque ça a l'air de lui plaire. Ce n'est pas du sadisme malsain, je suis juste amusée. « C'est une histoire entre un soldat et une étudiante, lorsqu'il part en mission, ils décident de s'écrire des lettres pour rester en contact. On verra si leur amour est plus fort que la distance.... chut, elle va lire sa première lettre ! » dis-je en fixant l'écran. Je mets mon petit coussin sur ses genoux avant d'y reposer ma tête, tout en faisant face à la télé et en regardant le film avec la plus grande des attentions. Mais j'arrive pas à rester concentrée, je laisse s'écouler quelques minutes avant de relancer la conversation. « Je sais que tu te dis parfois que tu peux gérer toi-même, mais si t'as besoin d'une oreille attentive, j'espère que tu sais que je suis là, hum ?  » Après tout, lui m'a toujours aidée, même quand j'ignorais que j'en avais besoin. Je me redresse légèrement pour l'embrasser, mais j'arrive seulement à la hauteur de son cou et y dépose un baiser. Au lieu de reculer, je m'immobilise quelques instants, avant de me redresser totalement, les sourcils froncés. « C'est quoi ce parfum ? Je pourrais jurer que c'est collé à ta peau, pas à la chemise. »

C'est moi qui sais plus détecter ses sarcasmes ou il vient vraiment de dire que ce film a l'air intéressant, sans une pointe d'humour ? C'est inquiétant à un point... j'ai du mal à plonger dans le film, surtout qu'il pense apparemment que je dis les choses dans l'intention d'être gentille. Mais comment il a fait pour se retrouver avec un parfum féminin sur la peau est un vrai mystère pour moi. Est-ce Kyong Hee, encore ? Non, cette odeur fait quand même un peu trop "pute", et c'est pas son genre. C'est donc avec mon attention entière que je l'écoute s'expliquer. «  Je vais t'expliquer. Mais avant : tes chocolats, tu as mis bien trop de cacao dessus, ne laisse pas le chat s'en approcher, il va pas en réchapper. » Eh oui, c'est ça mon Nam Sun. J'hausse les sourcils, murmurant sur un ton ironique : « Oh je suis impatiente d'entendre la suite... »  

Je fronce les sourcils, entrouvrant la bouche plusieurs fois pour lui demander de se répéter, car je pensais avoir mal entendu certains trucs. Le problème est pas lié au boulot ou autre, en fait c'est lié à moi. Il fait mention de tous les éléments qui manquaient pour que le puzzle soit complet, et je vois notre soirée tranquille s'éloigner doucement. Lorsqu'il finit de s'expliquer, je me contente de le regarder dans les yeux, souhaitant que ce soit une plaisanterie monstrueuse. Son histoire me laisse dans un total désarroi. Anniversaire ou pas, qu'est-ce qu'il cherchait dans un salon de massage pour trentenaires mariés en manque de cul ? Combien de personnes avais-je appelés pour demander ce que "ganache" voulait dire alors que lui... je sens venir les larmes, mais la colère est bien plus puissante. Et après quelques instants de silence, je lui donne un coup de poing dans le ventre, au point d'avoir moi-même mal à la main. Je crois bien que c'est la première fois que je me montre violente avec lui.

Je me recule un peu, en me tenant la main douloureuse et le regarde à nouveau dans les yeux. « Non mais tu te fiches de moi ? Je connais Dan Il oui, mais toi je te connais mieux. Si quelqu'un peut lui dire non, c'est toi ! Et tu sais mieux que quiconque pourquoi il faut lui poser des limites, car c'est toi qui dois passer la serpillière après lui à chaque fois. » Je le savais, je savais qu'à partir de 23h j'aurais dû aller me coucher. Je prends un ton beaucoup plus calme et moins sérieux, un sourire en coin. « Oh et pour la Saint Valentin, t'as pas à t'en vouloir. Mais je vais plus rien attendre de ta part, je voudrais surtout pas compromettre tes rencarts avec Dan Il. » Après tout, c'est avec lui qu'il a préféré passer la journée des amoureux. Je lui ai demandé aucun cadeau, juste qu'il soit là, même les premières heures du 15 février s'il faut. Je soupire, me rendant compte que je commence à en faire un drame puis le regarde à nouveau. « Est-ce que cette fille entreprenante a touché la région sud de ton corps ? »

Maintenant que j'avais joué cartes sur table, la culpabilité m'avait quitté et c'était aussi bien ainsi. Je ne regrettai pas ce que j'avais fait, non : même si cela ne m'avait pas plu du tout. Pour une fois, passer du temps avec Dan Il n'avait pas été une obligation professionnelle, mais plutôt une envie. Bien sûr j'aurai préféré que l'on se contente du menu ultra max nuggets au fast-food en bas de chez lui, mais que ce soit cette option ou l'autre : de toute manière j'aurai oublié la Saint Valentin et je serai rentré en retard. Là, je mettais un peu plus d'huile sur le feu car pour une fois, je ne m'étais pas comporté de manière irréprochable. Une seule fois. Et vu le regard qu'elle avait, j'allais devoir accepter l'invitation de Dan Il. Alors que je m'attendais à ce qu'elle commence direct par me passer un savon, le coup de poing que je me pris dans le ventre, me fila un haut le cœur. Je n'avais jamais soupçonné une telle force chez elle, pensais-je en me penchant un peu en avant, massant du bout des doigts mon estomac. Puis elle m'avait pris au dépourvu, alors forcément.

Je l'avais sûrement mérité celui ci, alors calmement, je me levais pour lui faire face.

« Non mais tu te fiches de moi ? Je connais Dan Il oui, mais toi je te connais mieux. Si quelqu'un peut lui dire non, c'est toi ! Et tu sais mieux que quiconque pourquoi il faut lui poser des limites, car c'est toi qui dois passer la serpillière après lui à chaque fois. » Oui, si notre petite excursion n'était pas passé inaperçue, il était évident que j'allais encore devoir passer la serpillière, mais je n'allais pas regretter pour autant. Le sourire qui éclaira son visage ensuite, me fit froncer les sourcils, cela dit j'avais décidé de juste encaisser pour le moment, alors j'attendis un peu qu'elle décharge sa colère : « Oh et pour la Saint Valentin, t'as pas à t'en vouloir. Mais je vais plus rien attendre de ta part, je voudrais surtout pas compromettre tes rencarts avec Dan Il. » Là, elle exagérait, beaucoup. Je m'étais attendue à ce qu'elle en fasse un drame, mais je n'allais pas non plus tout accepter juste parce que j'avais fais l'erreur de vouloir fêter l'anniversaire d'un ami.

« Tu deviens mesquine là, alors je vais rajouter une chose. Mon travail, je le connais oui, alors évite de me rappeler ce que j'ai à faire. Si ça se sait, je vais avoir à le passer, le balai oui, tu as raison. Mais donc, je fais quoi selon toi ? Je l'empêche de vivre ? Il a voulu que je vienne, et je ne savais pas où on allait. Ma seule erreur a été de ne pas vérifier. J'inspirai profondément : Dès que j'ai compris ce qui se tramait, j'ai voulu partir. Tu sais à quel point je déteste ça, non ? Qu'on me touche de cette manière : même l'idée d'un simple massage ne me plaisait pas, c'est dire. Alors que tu m'en veuilles, passe encore, mais je ne t'ai pas trompée, et jamais ça ne m'a traversé l'esprit. J'ai oublié quel jour on était d'accord, là aussi je n'ai pas assuré, mais la mesquinerie ça ne passe pas, non.  » Je ne la quittai pas des yeux, commençant à sentir l'agacement monter, alors qu'à la base je m'étais dis que je la laisserai s'énerver comme elle le voulait.

Je relâchais mes épaules, sentant que la deuxième vague allait bientôt être lancée : « Est-ce que cette fille entreprenante a touché la région sud de ton corps ? » Qu'est-ce que j'avais dis, hein ?

«  La région Sud-est, oui. Mais je l'ai arrêtée avant qu'elle n'aille plus loin.  » Je desserrais les poings, me rasseyant sur le canapé, sentant que j'allais m'en prendre plein la tête.

J'aurais tout donné pour pouvoir faire une petite blague sur comment son protégé réussit à se mettre dans de sales situations, comme d'habitude. A la place, je dois rester là à l'écouter me dire que je suis mesquine, que la pauvre star a besoin de vivre, et qu'il a rien fait de mal. « D'accord, tu n'es pas tactile, tu m'as pas trompée, tu voulais te comporter en ami avec lui. Je dois sûrement mal interpréter le fait que tu as payé une prostituée pour te toucher, que t'es pas resté longtemps alors que t'aurais pas dû rester tout court, et que pour te sentir moins coupable, tu m'as demandé d'être moins gentille. Te rends-tu compte à quel point c'est égoïste ?  » Je m'en veux pas une seconde de laisser ma colère parler au lieu de me morfondre dans ma chambre. D'ailleurs, je suppose qu'il a été trop occupé à ne pas me tromper pour donner un signe de vie et répondre au message que j'ai envoyé.

Je m'étais attendue à tout, vraiment tout, mais pas à ça. «  La région Sud-est, oui. Mais je l'ai arrêtée avant qu'elle n'aille plus loin.  » En même temps, qu'est-ce que j'espérais ? « Oh mon Dieu, t'es vraiment... » je me lève du canapé sans terminer ma phrase, déçu de conclure que j'avais raison. « Si tu t'étais barré au moment où t'avais compris ce qui se tramait, là j'aurais pas eu grand-chose à te reprocher. Mais puisqu'elle a eu le temps de te tripoter, je suppose que c'était pas le cas.  » Je le regarde dans les yeux, espérant même pas qu'il me réponde affirmativement.  « Je me suis complètement donnée à toi, à toi seul, pourquoi tu me donnes l'impression d'exagérer quand je souhaite que je sois la seule à te toucher ? J'ai déjà du mal à accepter la nature de ta relation avec Kyong Hee, bien sûr que je deviens mesquine quand une prostituée s'ajoute à la liste, dans le jour le plus romantique de l'année en plus. »

On cogne à la porte, surement un voisin. « Vous faites trop de bruit, sérieux vous avez vu l'heure ?  » N'ayant pas la patience pour supporter ses plaintes alors que lui n'est pas pas un voisin discret, je lui réponds tout de suite. « Appelez les flics si on dérange ! » Puis je regarde Nam Sun en soupirant.

Il n'y a aucune exagération dans le fait de dire que l'ambiance est tendue, l'énervement gagne également l'autre côté, et ne fait qu'envenimer la situation. Toutes ces excuses me sidèrent, et je parie que ce n'est qu'un échantillon et qu'en laissant la dispute avancer, il trouvera mieux. Non, j'aurais pas préféré qu'il me mente, et non, je le mets pas dans le même panier que les débiles qui s'amusent à tromper leurs femmes, se rend-il compte que c'est lui qui exagère là ? Ne voyant pas l'intérêt de répondre à ça - si ce n'est nous donner plus de choses à regretter - je me contente de soupirer et de regarder ailleurs. «  Je ne sais pas pourquoi je me fatigue à t'expliquer en fait.  » Rien que ces mots forment une parfaite insulte à mes yeux, je plonge à nouveau mon regard dans le sien. Je pourrais lui dire la même chose.

«  Non ce n'était pas le cas, car Dan Il a été malade. Et lui il voulait rester au départ, je me suis fait avoir, et une fois à l'intérieur, je ne pouvais pas juste le laisser en plan. Une histoire de serpillière comme tu dis.  » Il a pas trouvé mieux pour justifier d'être resté ? Comment on peut tomber si soudainement malade, d'ailleurs ? Je demande qu'à le croire, mais là, je peine un peu à suivre. « Mais merde, le fait qu'il soit tombé malade est une raison pour quitter les lieux, pas pour rester.  » Ce qui m'énerve encore plus, c'est qu'un type malade aurait pas suffi à démotiver ces filles, pas si elles ont quelqu'un comme Nam Sun, à moitié à poil devant les yeux.

Lorsqu'il abuse du sarcasme pour me dire que sa journée était pas la meilleure, et qu'il a pas aimé ce qu'il s'est passé, je me contente de le fusiller du regard. Si c'était pas le cas, on aurait un grand problème. «  Écoute, je me suis excusé, je ne sais pas ce que tu attends de plus. C'était un accident, une erreur, une gaffe. Un truc qui ne m'arrive pas. Mais peut-être que je devrais en faire plus souvent, des erreurs, histoire de coller au portrait flatteur que tu viens de faire.  » Je secoue la tête, et réponds sur le même ton : « Tu dis avoir fait une erreur, mais en même temps tu te comportes comme si c'était pas le cas. Tu comprends vraiment pas quel effet ça me fait de savoir que quelqu'un d'autre t'a touché ? Que t'as même payé pour ça, peu importe le prétexte ? Toi qui es assez à cheval sur le respect, tu te rends compte que ce que t'as fait est irrespectueux au possible ? C'est d'une pute qu'on parle là, Nam Sun ! »

Le volume a encore augmenté, et j'ai vraiment mal au crâne. « Alors excuse-moi d'être aussi sèche, mais t'as vraiment merdé. J'ai jamais cru que tu pourrais me décevoir à ce point. Toi, t'aurais réagi comment si t'étais à ma place ? » Ma voix était calme cette fois, moi je le suis réellement beaucoup moins. Je laisse passer quelques instants. « Nam Sun... je crois que tu ferais mieux de partir. Maintenant. » dis-je, toujours aussi calme, sans le regarder. Si pour lui je suis qu'un monstre émotif qui exagère, encore une fois, et qu'il ne peut pas comprendre pourquoi je suis irritée, ce n'est pas la peine de continuer le débat. Je me dirige vers ma chambre, sans chercher à voiler ma tristesse. J'allais pas non plus essayer de dormir, je sais d'avance que cette nuit va être horrible.