Quand on a du temps à perdre...

Je peux comprendre que certains hommes considèrent leurs voitures comme des bijoux, et qu'ils laissent rarement quelqu'un d'autre au volant. Mais, en l'occurrence, ça doit être pour une autre raison que Nam Sun me donne pas les clés. Si mon véhicule était pas chez le garagiste, et si une vieille amie ne m'avait pas invitée à son mariage, j'aurais pas été obligée de redemander. Sa réponse était clairement un "non", prononcé sur un ton que je lui connais bien : celui laissant aucune place à la négociation.

Mais ça le fait moyen si je m'absente, la mariée m'ayant nommée demoiselle d'honneur. Puis, elle a aussi assisté à la cérémonie de mon mariage. Si seulement je pouvais faire le trajet à pieds... « S'il te plaiiit. Tu vas pas laisser une jolie femme prendre le bus hein ? C'est le moyen de transport préféré des pervers. Et les statistiques montrent que le premier pays au monde en termes de consommation de matériels à caractère pornographique, est la Corée du Sud. » Tout ça pour dire qu'il y a beaucoup de pervers dans les bus. J'aurais dû trouver un argument "scientifique" dès le départ, au lieu de perdre mon temps à promettre de ne pas manger dans sa voiture, de ne pas insulter les autres même s'ils m'énervent et à insister sur le fait que j'avais jamais tué personne. La technique des yeux doux n'avait pas marché non plus.

Étonnamment, il accepte cette fois. Je ne sais pas si mon argument y est pour quelque chose, mais j'ai les clés dans la poche. La cérémonie a été sympa, même si j'ai préféré ne pas rester longtemps. J'ai l'impression de rouler dans le coin le plus paumé du pays, mais un animal - surgi de nulle part et traversant la route - dérange mon examen superficiel des lieux. Le résultat est pas beau à voir, bien que j'ai évité de tuer un animal innocent. Le choc passé, je me laisse aller contre l’appui-tête derrière moi. « Nam Sun va me tuer... »

J'appuie sur l'accélérateur, tourne la clef dans le contact, finis même par donner quelques coups saccadés par désespoir, mais le moteur ne fait qu'un drôle de bruit avant de se couper totalement. Après avoir ouvert la portière pour contourner le véhicule et examiner les dégâts, je sors mon portable. Quand je réussis enfin à avoir nam Sun à l'autre bout du fil, je trouve difficilement le courage de lui expliquer la situation. « J'ai un petit problème. je commence, tout en regardant la voiture. Comment dire... la voiture, elle a fait la bise à un arbre. » Je grimace, sûre qu'il va râler. « Je vais te dire comment me rejoindre par SMS. » Un inconnu passe par-là dans son camion, se grattant le ventre et me souriant avec ses dents à moitié pourries. Il me demande si j'ai besoin d'aide, je secoue le tête sans hésiter puis, suite à cette vision, décide d'ajouter : « Fais vite s'il te plait ! »

« Je ferai attention, promis. » je réponds en souriant, pour le rassurer. Comme le ferait Spongebob juste avant que sa voiture ne se retrouve dans un ravin. Malheureusement, Nam Sun a pas eu tort de s'inquiéter. J'ai beau faire attention, ça change rien au fait que le pare-choc a failli finir éclaboussé de sang. Putain d'animal sorti de nulle part, je sais même pas ce que c'était.

Je suis contente qu'il décide de ne pas crier "tout de suite". Ce genre de propos aurait été le début des emmerdes en temps normal, mais cette fois j'étais prête à écouter silencieusement ses leçons de morale. Le temps que je passe seule dans l'habitacle en l'attendant me semble interminable. Fenêtres et portières fermées, je me perds dans la fixation des lieux et des rares voitures qui passent. Etant au beau milieu de nulle part, il vaut mieux garder tout ce qui bouge dans mon champs de vision, au cas où.

Une silhouette familière me sort enfin de ma transe. Je m'interdis de sourire quand il me dit que je dois apprendre à me défendre contre les pervers. « Oui chef. Je sais, je suis un danger pour moi-même ainsi que pour les autres usagers de la route. » dis-je tout bas, sur un ton sincèrement désolé. Les policiers m'ont tellement rabâché cette phrase que j'ai fini par l'apprendre par coeur. Depuis que je suis en couple et que je n'ai plus le droit de flirter avec eux, ils sont devenus beaucoup moins compréhensifs.

Je l'attire à moi et enfuis ma tête dans son cou, le petit accident me revenant en tête. « Pendant un quart de seconde, j'ai cru ne plus jamais te revoir. Juste pendant un quart de seconde... mais c'était horrible. Je suis vraiment désolée. »

C'est pas un secret, je suis mauvaise en mécanique. J'ai donc pas pu savoir qu'on aurait besoin d'appeler la dépanneuse. Je grimace suite à sa conclusion puis secoue la tête, n'ayant appelé que lui. « Si je comprends bien... soit on pousse cette carcasse de 3 tonnes jusqu'à chez nous, soit... on est patients et attend juste le prochain bus. » Je passe une main dans mes cheveux en zieutant la rue déserte, trouver la patience sera pas facile. « C'est le moment d'échanger les coordonnées de nos assurances, je crois. » je ris avant de me taire, c'est probablement pas drôle. Mais le silence et moi, on est pas amis.

Ça commence à faire beaucoup d'accidents, et je suis pas loin de me voir offrir une belle cellule tous frais payés si je continue sur ma lancée. J'ai le temps d'y réfléchir, vu que Nam Sun me rejoint pas tout de suite.
« Le dire, c'est bien beau... » Etant d'humeur bien plus docile que d'habitude, je garde seulement ma mine désolée en guise de réponse. Quand il me fait une place dans son manteau, j'entoure ses hanches de mes bras et respire profondément. Être au chaud et se sentir en sécurité, j'ai pas à demander plus. Je souris, oubliant les mauvais souvenirs. « T'as raison, je suis en vie et même pas en état d'arrestation. »

Son petit commentaire me fait rire. « Moi j'aimerais savoir pourquoi la tradition veut que les demoiselles d'honneur portent une robe d'une couleur hideuse. C'est comme si la mariée s'était dit "faut que la coiffure soit pire que le maquillage, et la robe pire que la coiffure". » Normal qu'elle veuille être la reine du jour et faire en sorte qu'on lui vole pas la vedette, mais il y a des limites quand même.

J'hoche la tête et le laisse me tirer à l'intérieur de la voiture, je m'installe à côté de lui mais moi aussi j'avais oublié que même le chauffage est inutilisable. « Ah oui merde... » Grâce à sa parka, je retrouve un peu de chaleur. Mais lui fera quoi contre le froid ? « Et toi ? » Je m'approche comme je peux, pose sa tête doucement contre ma poitrine alors que les battements de mon coeur s'intensifient, puis mets ma tête sur la sienne, souriante. Je garde un peu le silence, ne voulant pas interrompre ce petit moment de bonheur avant de dire :  « J'ai emporté un bout de gâteau si t'as faim, je pense pas que le chat nous attendra pour manger. » La dernière fois qu'on l'avait laissé seul, il avait bouffé tous mes biscuits. C'est ça que d'avoir un chat qui sait ouvrir les placards dans la maison.

Tenue

À sa réponse, même si je ne devrais pas car en soit, il n’y avait rien de réjouissant là-dedans, je n’arrivais pas à m’empêcher de sourire.
Honnêtement, l’appréhension ne m’avait pas quitté depuis son coup de téléphone, alors rien que le fait de la sentir dans mes bras parvenait à m’apaiser réellement. Même si ma voiture en avait pris pour son grade, Eun Hee allait bien, n’était-ce pas là le principal ? Fut ce à quoi je pensais, tout en profitant du calme temporaire de ce moment.
Car de toute évidence, ça ne durerait pas. Nous étions partis pour rester ici encore un moment, Eun Hee était peu couverte, du moins pas assez vu la température qui n’allait faire que descendre. L’arrivée prochaine du bus était toute relative, vu l’heure qui se faisait tardive. Et on ne pouvait même pas utiliser le chauffage pour pouvoir rester à l’abri, à l’intérieur de l’habitacle. En gros, il y avait pas mal de raison de s’affoler. Son juron me fit soupirer, alors qu’inconsciemment, je faisais courir mes doigts sur le volant face à moi. Il fallait parer au plus urgent, c’était pour cette raison que je lui avais prêté mon manteau, Eun Hee ne devait pas tomber malade. « Tu en auras plus besoin que moi si on reste ici un moment, ne t’en fais pas pour moi, mon tricot est plus chaud qu’il n’y paraît. » Dis-je en pointant du doigt le dit tricot, confiant.

Du coup, dans un premier temps, je ne l’avais pas vu s’approcher de moi, jusqu’à ce qu’elle me tire vers elle et que je sente son cœur battre très vite, étant tout contre sa poitrine. Ce genre de geste en règle générale, m’aurait fait râler, et je ne serai pas resté dans cette position plus de dix secondes. Mais là, il s’agissait de Eun Hee, alors c’était différent, n’est-ce pas ? « J'ai emporté un bout de gâteau si t'as faim, je pense pas que le chat nous attendra pour manger. » Je pouffai de rire, m’étant attendu à tout, vraiment tout, sauf à ça. D’un coup de pied assez brouillon et maladroit, je me défaisais de mes chaussures puis laissais glisser ma tête sur ses genoux, repliant mes grandes jambes sur mon siège pour ne pas attraper une crampe.
J’avais donc la tête vers elle, je croisais les bras contre mon torse, et souris :

« On a beau parler de moi, tu as un sacré dont pour casser les moments pseudo-romantiques hein. Oui, j’émettais une réserve, car je ne m’y connaissais pas tant que ça en la matière.

Je plongeais mon regard dans le sien pendant une bonne minute, et je finis par faire la moue, regardant à droite comme si quelqu’un pouvait nous voir. Puis je levai l’index, lui demandant silencieusement de s’approcher. Regardant ailleurs, je venais poser le même doigt sur mes lèvres : « Finalement, j’ai peut-être un peu froid. » Honnêtement, je n’arrivais pas à croire que je recourais à cette façon digne d’un lycéen pré pubère, mais j’avais eu très envie de l’embrasser, il n’y avait rien de mal là-dedans, si ?

Son explication est pas très crédible, mais je comprends ses motivations et vu le froid qu'il fait, espère juste qu'il choppera pas une grippe à cause de moi. Enfin, étant donné sa réaction, peut-être qu'on tirera de meilleurs souvenirs de la journée. J'arbore une moue d'incompréhension quand il rit, mais un sourire reprend vite possession de mon visage et je le regarde déplacer sa tête sur mes genoux, pleine de bienveillance. J'embrasse son front et réponds avec un rire. Il a pas tort, mais c'est difficile d'être romantique quand mon estomac menace de devenir bruyant à tout moment.

En plongeant mon regard profond dans le sien et souriante, je caresse doucement ses cheveux. C'est qu'une petite minute mais dans ce moment où il n'y a que nous, j'ai l'impression de retomber amoureuse. Quand il me fait signe d'approcher, je m'exécute, ayant une petite idée de ce qu'il a en tête. Des yeux, je suis son index. « Finalement, j’ai peut-être un peu froid. » Surprise de la méthode, je retiens pas mon sourire et réponds, taquine : « Désolée, je suis pas prête à te rendre ton manteau. » Je recule mon visage comme si je comptais m'arrêter là, et attache vite fait mes cheveux pour que ça lui tombe pas sur le visage. Je crois savoir qu'il les préfère ainsi, de toute façon.

« Non, plus sérieusement, je crois que je peux faire quelque chose... » Sans me départir de mon sourire, je pose doucement mes paumes chaudes de part et d'autre de son visage, mes lèvres viennent caresser les siennes tendrement et les emportent ensuite dans un baiser plus profond. Suçotant l'une d'elles juste avant de reculer. Mon coeur se serre vivement, comme si c'était la première fois. Prenant un petit air enjoué, je dis : « Test de satisfaction : sélectionnez la réponse qui convient. A : c'était génial, six sur six. B : c'était moyen. Ou C : j'ai toujours froid. » Ouai, je devrais peut-être lire moins de magazines, mais puisqu'on est tous les deux d'humeur joueuse... je laisse mes doigts dessiner des formes imprécises sur son torse : « Dans ce dernier cas, qu'est-ce que je peux bien faire pour te satisfaire ? Je suis prête à beaucoup, tu sais. » Moi, essayer de le charmer ? Naaa.

Avant qu'il dise qu'il a froid, j'aurais continué à penser qu'il y a mieux à faire que de traîner dans une zone morte en plein hiver, sans la trace d'un commerce ni d'un immeuble. Mais ça c'était avant qu'il prolonge le baiser. Nos langues débutent une danse accroissant mes pulsions cardiaques. Dommage qu'on doive s'alimenter en l'air, je souris en essayant de régulariser ma respiration sans le quitter du regard. « B et C. » La notation me déçoit, néanmoins son corps le contredit d'une manière assez amusante et il répond à l'interrogation silencieuse que doit refléter mon visage. J'hausse les sourcils avant que mon regard réprobateur se pose sur mes mains gelées, c'est vrai que j'avais pas trop senti le froid... il attire mon regard reconnaissant lorsqu'il entrelace nos doigts, et je comprends vite qu'il ne les planque pas seulement dans les poches du manteau parce qu'elles sont glacées. Sous l'effet du baiser envoûtant dans lequel il nous plonge, je dois me contenter de serrer avec véhémence ses mains dans les miennes, l'accueillant avec plaisir. Il faut dire qu'avec le temps, il sait quels gestes me font rapidement perdre les pédales.

Ça se confirme. Il ne fait que frôler mes lèvres, m'incitant à me pencher en avant, les lèvres instinctivement entrouvertes, dans un appel à plus. J'ai le souffle court. « C’est fou, j’ai toujours froid. » Je fais la moue, quelle torture. « Pour moi, c'est la réponse D : je vais vite avoir à nouveau froid. » Mais prenant ses paroles pour une invitation, j'attends sagement qu'il se rapproche pour que je réessaie de faire monter la température. Interrompue par une soudaine sensation de chute, il me faut une poignée de secondes pour ouvrir les yeux et comprendre ce qu'il vient de se passer. « Tu n’y as pas été de main morte hein ? » Je me redresse sur mes avant-bras en souriant, et réponds en entendant le siège craquer : « Non... ça aurait pu être mes os, ça. » Je vois mieux pourquoi on oublie pas de mettre la ceinture quand c'est moi qui a le volant. Je ris à mon tour : « Merci de m'avoir épargné une blague sur mon poids. »

Tout aussi amusée que lui, je laisse ce drôle de moment s'éloigner et m'étends sur mon flanc afin de lui faire face quand il s'allonge à mes côtés. « Alors nous en étions… je nous couvre de son manteau puis l'attire à moi pour que ma bouche saisisse ses lèvres, ma main massant sa nuque et ma jambe enroulée autour de la sienne, faisant ainsi remonter ma jupe. Je l'embrasse avec ardeur jusqu'à ce que mon besoin de respirer s'oppose à mon envie, un sourire naît sur mon visage et je murmure : Ah oui, j'ai un vague souvenir tout d'un coup, t'avais froid... » Je délaisse alors sa bouche pour l'embrasser paresseusement sous l'oreille, sans oublier de lui en mordiller le lobe avec amusement, c'est que je crois savoir que c'est une zone sensible chez lui.

Il a toujours réussi à m'arracher un éclat de rire dans les moments où ça allait pas, j'ai pas besoin d'en savoir plus sur son humour. Je souris juste. C'est assez drôle qu'on soit si occupés dans un coin mort de chez mort. Je sens un frisson longer ma colonne vertébrale quand sa main descend jusqu'à ma cuisse. Je teste sa capacité de résistance en lui mordillant le lobe d'oreille, amusée mais tout aussi excitée, et il me déçoit pas. « Aar-aarrêt..aah... » Un nouveau sourire naît sur mes lèvres, et je décide d'ignorer sa demande, en profitant du moment. « Tu me rends fou, vraiment. » Ce n'est surement pas ça qui va effacer mon sourire, je suis grandement satisfaite. Sans surprise mes lèvres rencontrent à nouveau les siennes, le ballet entre nos langues se faisant plus chaud et insatiable.

L'apparition de sa main sous le tissu de ma jupe entraîne un départ de folie, et je remonte un peu plus ma jambe autour de la sienne. Des soupirs m'échappent lorsque ses lèvres touchent mon cou, tandis que mes mains fourragent dans ses cheveux. Mon souffle se coupe un instant quand il concentre ses caresses sur mes clavicules. Je gémis, sentant un grand manque me vriller dans le creux de mon ventre ainsi qu'un sentiment de satisfaction, mes nerfs sont à vif, mes muscles se contractent puis se détendent et sur mon visage se lit une expression de plaisir et de supplication. « Arrête... non arrête pas... Nam Sun... » Je me tiens la tête avec la main, m'interdisant de dire d'autres conneries et me laisse simplement emporter par les émotions qui m'envahissent.

Je m'allonge sur le dos pour plus de confort, m'empare à nouveau de ses lèvres, nous offrant un nouveau baiser dévorant, puis ma main va sous son haut toucher sa peau, tracer chacun de ses muscles - comme s'il pouvait en être autrement après ce qu'il a fait. Dans un long mouvement sensuel, je laisse mes doigts aller de sa poitrine à son nombril, sentant un papillonnement très intense dans mon ventre. Je m'arrête un instant avant d'aller plus loin, ouvre les yeux, puis déglutis : « Je sais que c'est pas le moment... » je peine à respirer un brin normalement, en plus j'ai l'impression qu'il fait très chaud autour de nous. « Mais il y a une question que je me pose depuis longtemps, tu m'as parlé une fois d'une Miss Papillons, c'est bête mais c'est la seule femme dont tu m'as jamais parlé, et je me demandais si j'avais réussi à te la faire oublier... regarde-moi dans les yeux, et dis-moi que tu penses plus à elle. » Je l'entends déjà crier "c'est maintenant que tu veux savoir ?!" Ouai, c'est très intelligent de parler d'une autre femme en ce moment précis... ma main se crispe légèrement sur sa poitrine, je coince ma lèvre entre mes dents, regrettant presque aussitôt d'avoir posé la question. Peut-être que je veux pas vraiment savoir.

T'es gourde ou tu fais exprès ? Je me demande, m'engueulant moi-même. Ma bouche a eu un train d'avance sur ma tête, et je reste donc suspendue à ses lèvres. Son début d'explication laisse présager une bonne nouvelle... et une mauvaise, ce qui m'aide pas à calmer les battements fou-fous de mon coeur. Je réponds doucement à son baiser, déjà un peu rassurée par le geste. « Miss Papillons, c’est toi Eun Hee. Je n’ai jamais eu que toi. » J'écarquille les yeux, touchée, mais me sentant tellement idiote. Ouai, dans ce cas, ma question peut être rangée au rayon des questions à la con. Mon front contre le sien, je secoue un peu la tête en souriant, incrédule, avant de poser mes mains sur ses joues et les caresser avec douceur. Ça fait du bien de s'ouvrir un peu, même s'il y a mieux comme timing.

« Tu te sens mieux maintenant ? » Quelle question, je pourrais sourire jusqu'à me déchirer la mâchoire. Je sens un délicieux électrochoc longer mon dos, passer par mon cerveau et aller jusqu'à mes poumons. S'il savait quel effet ça me fait de savoir que je suis sa Miss Papillons. Celle qui lui donnait des "maux de tête" et celle de qui j'étais jalouse. Il aurait dû le dire plus tôt - ou alors c'est moi qui étais censée le découvrir ? Peu importe, je suis heureuse. Mes mains s'enroulent joyeusement autour de son cou. « Beaucoup mieux, je t'aime, je t'aime. » je dis tout bas, sur un ton qui a l'air désespéré et joyeux à la fois.

Nouveau baiser enflammé, j'attrape son haut que je fais remonter doucement pour le lui retirer puis le pousse sur le côté pour inverser nos positions. Je me place au dessus de lui avant de me détacher de ses lèvres. Je recule suffisamment pour offrir mon corps à son regard. « Il va falloir retirer ça, trop gênant. » Je dis en parlant de ma veste que j'ôte en souriant, mon top et mon débardeur suivent. Je passe mes mains dans mon dos. « Et ça aussi. » Après avoir dégrafé mon soutien-gorge, je fais glisser les bretelles le long de mes bras, délicatement, tout en plongeant mon regard dans le sien, mon sourire soulignant le désir qui brûle dans mes yeux.

Ça aurait pu être gênant mais il connait mon corps maintenant, et je suis pas le genre de filles qui refuse toute lumière pendant l'amour, loin de là. J'efface la distance entre nous, mes lèvres reviennent se poser sur les siennes mais cette fois dans une tendre caresse tandis que je déboutonne lentement sa chemise.

Rien que ses réactions me font sentir un courant intensément grisant. Avoir l'impression de plaire et se sentir aimée par celui qui me fait fondre par un sourire, il n'y a rien de mieux. Enfin si : la suite. Ses pensées ne doivent pas être différentes, vu qu'il se charge lui-même du déboutonnage de sa chemise, m'arrachant un grand sourire et répondant à mon besoin de voir son torse musclé. Mes mains caressent son dos tandis que nos langues se roulent et se déroulent contre leurs jumelles, variant les sensations. Il s'assoit, je me retrouve sur ses cuisses, une jambe de chaque côté de sa taille, et souris contre sa bouche, appréciant d'être aussi étroitement enlacés. Sa main sur ma poitrine manque de faire ressortir mon coeur, j'agrippe fermement ses épaules et laisse ma tête tomber en arrière, la bouche entrouverte, sans réussir à retenir mes gémissements.

Il a donc plus d'accès à mon cou, et je retiens aucun soupirs quand il se met à le suçoter. Mais mon corps, bouillant d'impatience, veut bien plus que ses lèvres. Je baisse légèrement la tête lorsqu'il se penche vers mon oreille. « Hmm, si ça peut te rassurer, je n’ai plus du tout froid. » Petit pouffement avant de l'embrasser, c'est clair qu'on va pas mourir d'hypothermie. « Tu me fais perdre la tête... » je réussis à lui répondre, tout en l'attirant à moi et en serrant les muscles de mes cuisses autour de lui. Mes mains caressent ses bras en suivant la courbes de ses épaules, se réfugient dans ses reins puis continuent leur décente jusqu'à ses fesses. L'une d'elles voyage ensuite sur son genou, le haut de sa cuisse, l'intérieur, et se repose finalement sur sa poitrine. Il est magnifique. Et bien musclé, mais sa peau est si douce.

J'ai droit à une dose supplémentaire de folie lorsqu'il remonte ma jupe, malgré la présence du tissu j'ai l'impression que ses doigts me brûlent. Je lâche un gémissement contre ses lèvres, soufflant un "Nam Sun... " avant d'enfuir mon nez dans son cou, mais son parfum m’enfièvre encore plus. « Celle en dentelle, ma préféré. » Je lèche avidement ses lèvres puis souris : « J'espère que la saveur sera inoubliable. » je murmure pour lui répondre, l'invitation est à peine masquée. Ma main se met sur la sienne, pas pour le faire arrêter, c'est comme si je voulais lui demander d'amplifier son geste, qu'il fasse disparaître le bout de tissu, en fait. Je me contente néanmoins de la toucher avant de retirer ma main, et me pince les lèvres. Ma peau commence à se couvrir d'une pellicule de sueur, haletant et toujours sous l'effet de ses caresses, je murmure : « Nam Sun, je... » j'ose toujours pas aller au bout de ma phrase, mais je suis pas loin de le supplier non plus.

Pour que la douce torture soit réciproque, je continue ce que j'avais commencé quelques minutes plus tôt : ma main caresse sa poitrine, son ventre mais ne s'arrête plus au niveau de la ceinture. Cette fois, je l'enlève, défais les boutons de son pantalon puis laisse mes doigts glisser à l'intérieur de son boxer. « T'avais dit que tu n'avais plus froid, c'est juste histoire d'être sûre. » Je souris, avant d'exercer un lent mouvement, du haut vers le bas. Je réponds à son baiser sans retenue, mordillant sa lèvre inférieure et la tirant légèrement alors que mon regard se noie dans le sien, je contemple son beau visage. Non, je suis vraiment pas loin de le supplier.

Depuis qu'il a embrassé mes clavicules, je commence à défaillir et à me sentir frustrée. Sentant un manque terrible d'une partie de son corps, que les caresses suivantes n'ont pas pleinement satisfait. Lorsque sa main s'adapte à ma demande silencieuse, elle fait partir de nouveaux frissons électriques sur mon épiderme et, la seconde suivante, je me presse contre lui sans réussir à réprimer mes soupirs. Sa simple main dans mes cheveux me fait frémir d'envie.

Le contact incendiaire de son visage qu'il enfouit dans mon cou et sa voix me coupent le souffle. Je souris, qui suis-je en train de torturer en fait ? «  Bon sang... » Ma main se perd dans ses cheveux alors que je l'enlace fermement. Je meurs d'envie de sentir plus de sa part. Tout en encadrant son visage de mes mains, je m'étends sur le dos, alors qu'il fait disparaître les derniers obstacles entre nos corps nus. Je me surprends à ne pas le remercier pour la rapidité du geste. Son coup de langue contre la dentelle me galvanise, je me mords atrocement les lèvres. « Je n'en peux plus, vraiment plus. » dis-je dans un gémissement plaintif, mes doigts remontant le long de sa taille et de ses flancs.

«  On aura qu'à mettre la clim, s'il fait trop chaud.  » Je lâche un petit rire, mais ne réussit pas à lui répondre qu'on en aura très bientôt besoin, profitant en même temps de la vue que j'ai sur son corps. Je réponds à son baiser qui me semble bien trop doux, malgré la pression qu'il exerce sur mes lèvres ensuite, puis me détache de lui. Les joues rougies, le souffle erratique, le front couvert de sueur, quelques mèches sur le visage, je le regarde droit dans les yeux. Je veux lui dire tant de choses. Qu'il me donne des envies chastes mais aussi inavouables. Que je désire une rencontre totale de nos corps. Que je veux qu'il me fasse l'amour, que ses lèvres me suffisent plus. « Je veux tout de toi, Oh Nam Sun. Tout. » je murmure, essoufflée, contre ses lèvres d'une voix qui se veut suppliante. J'embrasse son cou et essaie de détendre mes muscles, mes mains se posent doucement sur sa poitrine.

Je ferme les yeux à mon tour quand il couvre ma main de la sienne et me concentre sur les battements de son coeur. J'attends juste, il n'y a plus besoin de parler. Mes yeux se plongent dans les siens quand il entrelace nos doigts, et c'est en les refermant et en serrant violemment sa main dans la mienne que je savoure la sensation de chaleur qui me déferle. Je me cambre alors, et laisse glisser ma main libre sur son épaule pour y prendre appui, m'entendant même pas gémir de plaisir. J'ai beau être incapable de mettre en mots mes ressentis en ce moment, mon langage corporel en dit long. Il a su procéder avec une douceur délicieuse, en dépit de son impatience. Et je le remercie intérieurement de ne pas être allé trop droit au but, m'évitant ainsi de souffrir.

Quand il commence à se mouvoir, je dévore sa bouche pour répondre à son baiser tandis que mes muscles se contractent davantage. Les jambes nouées autour de sa taille, je le laisse remonter l'une d'elles pour l’accueillir encore plus profondément. J'agrippe ses cheveux d'une main lorsqu'il vient enfouir son visage dans mon cou, sentant que ce geste allait m'achever. En plus, il a accéléré la cadence. J'entends vaguement les sons qui sortent de ma bouche. «  T-tout va bien ?  » J'hoche frénétiquement la tête, avant de nouer mes bras autour de son cou et de le serrer contre moi. Ça va trop bien même.

«  Qu-qu'est-ce que... » je gémis quand il commence à lécher mes clavicules, sans faire gaffe je griffe son dos, sous l'effet de la vague de plaisir qu'il a réussi à décupler. Je ne peux m'empêcher de rouler la tête de droite à gauche, riant presque. Oui je suis heureuse. Ma peau a toujours été trop réceptive à ses caresses, mais j'ai l'impression que la complicité entre nos corps ne cesse d’accroître. Un délicieux frisson dessine le trajet de ses mains sur mon corps. «  Je t'ai-aime Eu-.. Bon sang! » J'esquisse une ébauche de sourire, murmurant un faible "moi aussi" à peine audible, et interrompu par mes gros soupirs. Lorsque ses mouvements se font encore plus précis, je sens ma vision se troubler, je resserre mon emprise sur lui et rejette ma tête en arrière.

D'un mouvement de bassin, je le fais tourner sur le dos et m'installe sur lui, pouvant gérer le rythme et donc le ralentir, pour gagner quelques minutes supplémentaires de plaisir. Je me laisse aller, espérant que la vue qu'il a ne produira quand même pas l'effet inverse. Contrairement à lui, je me fatigue bien vite et décide de m'allonger sur lui, embrassant sa bouche, son cou, ses pectoraux, suçotant tendrement ses tétons. C'est délicieux et addictif. Collée à lui, je reprends ma position initiale, sans rompre le contact et toujours en gardant mes cuisses autour de sa taille et laissant ma poitrine s'écraser contre la sienne. Je m'accorde quelques secondes pour m'alimenter en air avant de revenir presser mes lèvres contre les siennes, souriante et me sentant bientôt transportée au septième ciel.

Quand il accélère les mouvements de ses hanches, tout mon plaisir s'exprime dans une série de soupirs d'aise, plus puissants les uns que les autres. Ils sont étouffés par ses lèvres qui retrouvent les miennes, mes mains se reposent sur ses joues, comme si je craignais qu'il mette fin au baiser et j'y réponds avec la même passion. Mes sens sont en feu, mon corps est parcouru par des picotements de plaisir, et je sens que je vais me consumer entre ses bras. Je savoure pleinement la chaleur et les pressions, alors que son parfum m’enfièvre davantage à chacune de mes inspirations. Puis d'un coup, une immense vague de plaisir et tout un tas de sensations se font ressentir dans un flot torrentiel, comme une décharge électrique qui se libère jusqu'à mes orteils. Mes doigts se crispent sur son dos en sueur, et nos gémissements mêlés résonnent. Le souffle saccadé et le corps tendu, mon dos se cambre sous l'assaut d'une jouissance extrême, dans un moment où plus rien n'existe autour de nous.

Puis un sentiment d'apaisement s'y substitue, et je m'entends vaguement murmurer son nom. Lorsqu'il penche sa tête dans le creux de mon cou, mes doigts se mêlent à sa chevelure soyeuse que je caresse doucement. «  Tu me laisses un peu rester comme ça ?  » Je souris en le sentant m'emprisonner dans ses bras, nichant également mon visage dans son cou et respirant longuement. « Avec plaisir. » Ma main couvre entièrement et doucement les traces de griffures, dans une excuse silencieuse. « Tu étais génial. » lui murmure-je à l'oreille, sans manquer de l'embrasser.

«  On a dû...rater le bus, tu ne crois pas ?  » Dans un rire, je le serre encore plus contre moi, en fait je m'en fiche d'avoir raté le bus. Je reste silencieuse quelques instants avant de nous recouvrir de son manteau, d'un regard lourd de sous-entendus je réponds : « Le problème c'est que si tu restes comme ça plus longtemps, on va rater le prochain. » J'embrasse son front en souriant, et le laisse se retirer. Je m'étends à nouveau sur le flanc avant de revenir goûter à ses lèvres, timidement cette fois, en me collant à lui. « Tu devrais avoir froid un peu plus souvent, tu sais. » Nouveau rire, j'apprécie quand les choses se passent spontanément. Je me rappellerai toujours cette fois où il "avait froid".