I'm a barbie girl, in a barbie world. I'm in plastic, it's fantastic.

Le romantique est quelqu'un qui manifeste une dominante d'idéalisme et de sentimentalité. Autrement dit, je dois être aussi romantique qu'une huître un jour de marée haute. Ce genre de broutille me fatigue l'esprit et a la fâcheuse tendance à fatiguer mon porte monnaie également.

Non, je ne suis pas quelqu'un de pingre : je n'aime juste pas perdre mon temps à faire des choses qui ne me ressemblent pas. La concession n'avait jamais vraiment partie de mon vocabulaire, bien que très diplomate au demeurant. Cela dit, j'avais appris dans les mangas de Dan Il, que les femmes tenaient à ce genre d'attentions. Depuis, j'avais prêté une demande plus attentive au comportement de Eun Hee et m'étais rendu compte qu'elle n'appréciait pas vraiment le fait que je sois si peu sensible, l'homme de concession que j'étais l'avais forcée à vivre avec.

Cette situation ne me satisfait donc pas du tout. Pour une fois, je vais tenter de faire des efforts, d'être romantique. Honnêtement, rien que le mot me fait frisonner mais pourquoi pas. La niaiserie ne peut pas être aussi stupide qu'elle en donne l'air, n'est-ce pas ?
Je vais marquer le coup, lui montrer que je n'étais pas aussi froid que j'en ai l'air.

« Tu peux le faire Nam Sun, ça ne doit pas être si sorcier.  » Après ces mots, le chat file comme une flèche sous le lit, dans un miaulement rauque

J'aurai certainement dû voir ça comme un mauvais signe, en y repensant bien. Bidule ne se trompe jamais, il a sa façon à lui de se faire comprendre. Mais pour une fois, il n'avait pas marqué son mécontentement en griffant le bout de mon jean. Alors je me suis dit que je pouvais tenter le coup.

Dans la soirée, le même jour.

Je me sens nu, et quand je regarde ma dégaine : je me dis que cela aurait peut-être était mieux que je le sois. « Pourquoi ai-je l'impression de m'être fait avoir.  » Franchement, je ne sais pas. Vu que c'est dans les mangas de Dan Il que j'ai trouvé l'idée, il me semble judicieux de lui demander de l'aide. Mais j'aurai dû juger à son statut de célibataire, fraîchement marié à son livreur de pizza, qu'il ne serait pas le plus apte à me conseiller sur le sujet.

Le boxer que je portais me hurle littéralement : « Tu es bête. » L'huile qui recouvre mon torse nu me susurre : « On est ridicule ». Et la fichue boîte en carton plastifiée dans laquelle je me trouve crie à qui veut l'entendre : « Cet abruti a jugé bon de jouer Ken dans son appartement, tout seul. »
En plus, pour arranger le tout, Eun Hee était en retard.

Oh mon dieu, n'était-ce pas aujourd'hui que l'on avait invité nos voisins à dîner ? Faites que non, s'il vous plaît... «  Voilà la raison pour laquelle je m'en tiens à ce que je connais. » Je murmure en soufflant un bon coup, ce qui laissa une trace de buée contre le plastique qui est bien trop près de mon visage.

Oui, je suis dans une boîte en carton.
Oui, c'est Dan Il qui m'a conseillé.
Non, je n'ai pas la moindre impression d'être romantique.
Plus ridicule, avec un grand R majuscule.

Quand toutes les voisines ont des vues sur votre copain, ça devient dur de se faire des amis au sein de l'immeuble, et qu'est-ce que ça me cassait les pieds. Ainsi, en voyant un nouveau couple débarquer dans l'appartement d'en face, j'étais ravie. Si on faisait bien les choses, on allait enfin avoir quelqu'un sur qui compter lorsqu'on part en vacances. Pour nourrir le chat, arroser les plantes... voire me sortir d'une cellule de dégrisement, sait-on jamais, vu que le voisin est avocat. Ils ont l'air sympa, qui plus est, et on pourrait s’organiser des soirées entre couples.

Je voulais absolument nous lier d'amitié avec eux, et je les aurais déjà présentés à Nam Sun s'il n'était pas monopolisé par son super bro ces derniers jours. Appelez-moi parano, mais j'aime pas qu'il côtoie si souvent son protégé. Puis, grand mystère, comment arrive-t-il à s'entendre avec le type qui le soupçonne d'avoir choisi une voiture avec un gros coffre pour pouvoir transporter des corps ? Ce malade...

Mais bon, ce qui m'importe ce soir c'est de faire réussir la rencontre avec les voisins. En revenant du boulot, je suis donc allée frapper à leur porte, espérant que Nam Sun n'a pas oublié le rendez-vous. Pendant que je farfouille dans mes milliers de clefs pour trouver la bonne, je juge nécessaire de leur donner une idée sur la personne qu'ils sont sur le point de rencontrer, sûre qu'ils s'entendront bien vu comment le mari a l'air conservateur et calme. « Vous allez l'adorer, il est sérieux et réfléchi.... » dis-je avec assurance, tout en pénétrant dans l'appart. Mais monsieur semble persuadé de leur prouver qu'il est tout le contraire du portrait que je viens de faire.

Où... où sont passés ses vêtements... ? Oh mon Dieu, lorsqu'il a dit ce matin que mes nombreux habits commençaient à manger les siens dans le placard - car il trouvait jamais ce qu'il cherchait... il était sérieux ? Nos regards stupéfaits restent focalisés sur la personne étrange dans une... boite. Peut-être qu'ils sont en train de se dire que je sors avec un psycho, ou alors ils se demandent s'il est vivant. Je me tourne vers nos invités et essaie de les pousser gentiment vers l'extérieur, mes mains sur leurs dos en criant : « AHAHA, mauvais appart ! » Mais cela ne suffit pas pour faire diversion du spectacle que la voisine semble apprécier : « J'aime votre façon de vivre. »

Je me tape le front avec la main puis évalue Nam Sun du regard. Quel est le but de ce déguisement ? « Mais qu'est-ce que tu fabriques ? C'est pas un peu trop tôt pour la crise de la quarantaine ? Ou pour Halloween ? » chuchote-je à son adresse, d'une voix clairement agacée et extrêmement gênée, espérant que les voisins nous entendent pas.

Quelle horreur. Comment avais-je pu penser ne serait-ce qu'une seconde, que ce serait une bonne idée. Je ne pouvais même pas dire pour me défendre que sur le papier, le plan paraissait jouable, car si j'avais pris le temps de coucher tout cela sur papier, je me serai tout de suite dis : « Nam Sun, consulte, très vite. »
Mais non, j'avais voulu jouer les impulsifs. Eun Hee me reprochait toujours d'être trop pantouflard et peu aventurier. Après cet épisode, j'étais persuadé qu'elle n'oserait plus rien dire. Moi non plus d'ailleurs, pendant trois quatre jours. La honte faisait des ravages chez les personnes qui n'avaient pas l'habitude de se donner en spectacle, car s'il n'y avait eu que Eun Hee... Mais non, j'avais effectivement oublié le dîner avec les voisins. Voisins qui étaient maintenant en train de me regarder pour l'un, et reluquer pour l'autre, en pensant sûrement qu'ils avaient atterri dans un asile. Et je ne pouvais pas leurs en vouloir. J'avais moi-même envie de fuir, mais bon... On a pas toujours ce que l'on veut dans la vie.

Par réflexe, et un peu gêné par le regard insistant de la voisine, je venais cacher mon service trois pièces avec mes mains, et me pincer la lèvre. Je n'osais même pas lever la tête vers eux, et priais silencieusement pour que Eun Hee réussisse à les faire partir. Honnêtement, je ne savais pas ce qui était le pire : l'humiliation présente, ou le fait que j'allais en entendre parler pendant un siècle ? Oh mon dieu, imaginez qu'elle ait la bonne idée d'en parler à Dan Il.
Bof, après tout j'étais encore jeune. On pouvait bien déménager sur un autre continent, et j'étais assez intelligent pour me trouver une autre profession. « J'aime votre façon de vivre. » J'écarquillais les yeux, et sifflais un petit «  Bah tiens! » et je tentais de cacher mon torse à l'aide de mon avant-bras, sans grand succès.

J'avais la soudaine impression d'être du bœuf coréen de qualité à moitié prix, un dimanche matin, sur le marché. « Mais qu'est-ce que tu fabriques ? C'est pas un peu trop tôt pour la crise de la quarantaine ? Ou pour Halloween ? » Pour une fois, j'étais totalement incapable de cacher mon embarras, et mes joues brûlaient à petit feu.

« Mets toi devant moi au moins s'il te plaît... Ma voix est feutrée, mais presque suppliante, et ça me surprit sûrement tout autant qu'elle. Qu'est-ce que tu crois que je fais ? Je m’embarrasse pour les trois prochaines années. La voisine me mets vraiment mal à l'aise Eun Hee. Elle me regarde comme un bout de viande, et si seulement elle me regardait dans les yeux.  » je lui murmurais cela, espérant qu'elle trouverait un moyen pour les faire partir au plus vite, mais le mari sembla faire un signe à sa femme, puis il prit la parole :

«  C'est surprenant d'avoir des voisins aussi direct. Mais vous savez, ça ne nous gêne pas du tout. On a déjà eu recours à ce genre de pratique, on pensait juste apprendre à vous connaître avant de peut-être en parler, c'est fou comme on peut faire de belles rencontres, n'est-ce pas ? » dit-il en s'affalant (et je pèse mes mots) sur notre beau sofa, tout en invitant Eun Hee et sa femme à s'installer.

Pardon ? Comment ça « genre de pratique » ?
Et pourquoi ils ne partent pas en courant ?
Eun Hee ? A l'aide...

Bien sûr que ça allait finir comme ça. Quand vous recueillez les conseils d'un type dont la mère se colore les cheveux blancs avec un marqueur, ça n'a rien d'étonnant de finir avec seulement un boxer sur la peau pour accueillir les voisins. Oh comme je suis sûre que Dan Il avait mis la main à la pâte, et le connaissant, il doit être fier du résultat. « Mets toi devant moi au moins s'il te plaît... » Ma tête tombe légèrement en avant mais je m'exécute, curieuse d'entendre ce qu'il a à dire pour sa défense. « Qu'est-ce que tu crois que je fais ? Je m’embarrasse pour les trois prochaines années. La voisine me mets vraiment mal à l'aise Eun Hee. Elle me regarde comme un bout de viande, et si seulement elle me regardait dans les yeux. » A croire que quand votre petit ami fait tourner autant de têtes, vous vous lassez d'être jalouse... mais en fait, pas tellement. « Moi aussi, ça me brise sérieusement les co... le cœur. » réussis-je à commenter, il me fallait rester correcte : au point où j'en suis, ce serait peu logique d'espérer qu'une femme ne tombe pas sous son charme. Alors, faisons avec.

De toute façon, j'imagine que c'est le moment pour eux de partir, en trombes. Mais ils se montrent étrangement indulgents et ouverts d'esprit. Je regarde le mari suite à ses propos, hébétée. Quelque chose me dit que d'ici quelques minutes, on pourrait tous finir à poil si ça continue comme ça. Que faire, que faire...

Pour le moment, je décline juste l'invitation du voisin de m'asseoir. Pas envie qu'il me reluque de près, et Nam Sun avec... « Peut-être qu'on devrait commencer avec une petite comparaison, parce que selon mes estimations il a un plus... » commence la voisine, indiquant de son pouce la région sud du corps que je cache - pas assez bien, puisque madame a pu "estimer". « OH MON DIEU ! Ça sent le gaz, quittez tout de suite l'appartement ! » je crie pour la couper, les prenant ensuite par le poignet pour les conduire vers la sortie avant de refermer la porte et m'y adosser, la respiration légèrement haletante. Pas d'amis c'est quand même mieux que des gens avec "ce genre de pratique".

« Désolée pour les voisins, c'est ma faute... mais je peux te demander ce qui t'a pris ? T'es peut-être... insatisfait ? Ou alors tu t'ennuies ? » je demande en m'approchant, un peu timide. C'est pas facile de mettre notre vie sexuelle ainsi sur le tapis, même pour moi mais il m'y oblige. A quel point était-il désespéré ou frustré pour demander conseil à Dan Il ? Je l'interroge du regard, ayant moi aussi du mal à le regarder dans les yeux, d'ailleurs.
Meanwhile, les voisins refrappent à la porte. Mais c'est plus facile à ignorer que leurs intentions malsaines.

Changer "un peu" ? Mauvais choix de mots. De mon point de vue, il en a vraiment fait des tonnes. C'est quoi la prochaine étape ? Faire du saut à l'élastique pour éveiller son côté aventurier endormi ? Ouai, bon, il parait que je ne sois pas innocente dans l'histoire vu les remarques que je lui avais faites. Mais... c'est ça son concept d'une soirée coquine ? Où avait-il trouvé l'idée, sérieux, dans un manga ?

Je me sens tout de même coupable, à le voir comme ça, le regard fixement baissé vers le sol, et les oreilles rougies. Même si c'est mignon. « On pourrait faire cuire un œuf là-dessus tellement j’ai chaud. » Je m'approche du sofa et l'enlace par derrière, déposant un doux baiser sur sa joue en signe de reconnaissance de ses efforts. Franchement, lui n'a besoin que de retirer sa chemise s'il veut faire perdre la tête aux femmes. D'ailleurs, je devrais peut-être l'enfermer dans sa boite vu le nombre de fans qu'il commence à avoir. « Merci, Nam Sun. Mais je crois que tu n'es pas fait pour ce genre d'idées coquines. C'est comme moi et la cuisine. » Arrêtons avant que quelqu'un soit blessé. Dans une tentative de resserrer mon emprise autour de son cou, l'huile accentue la rapidité de mon geste et il m'échappe légèrement, ce qui m'arrache un petit rire. « Oups. Tu m'as un peu glissé entre les mains on dirait. » Il fallait bien que quelqu'un fasse la vanne, non ?

« Je devrais quand même aller me changer. » En voyant à quel point il est découragé, je tape amicalement son torse, souriante : « Oh allez ! C'est pas de moi, qui enchaîne les bavures, que tu dois avoir honte. Pour les voisins, au pire... on dira qu'on fasse partie d'un quelconque bizutage de l’agence qui leur a loué l'appart ? » Même si on pourrait passer plus facilement pour les victimes, en fait. J'hausse les épaules en demandant. Eux, doivent avoir plus de secrets. Puis c'est un peu une maison de retraite ici, contente que l'ambiance change un peu - faut voir le bon côté des choses.

Aucun commentaire sur le designer de ce déguisement. Je comprendrais jamais comment Dan Il est devenu son "petit frère", je veux dire... la dernière fois qu'il m'a reconnue dans l'agence, il m'a sorti "ah c'est vous sa copine ? Vous avez du courage". Je souris tout de même à ce souvenir. « Attends, tu veux que je t'aide à te changer ? » Quoi, ce serait dommage de laisser des voisins extravagants gâcher ce qu'il avait prévu. Puis, je dois avouer qu'il a l'air pas mal, sans la boite.